Marche dans la neige

Jeudi 9 mai 2013

Nous avions convenu avec Sarah de nous lever à 7h30. Malheureusement, le temps est encore menaçant. Alors que nous petit-déjeunons, Gina et Alex nous rejoignent et nous incitent à reporter la balade pour attendre les finlandais. Selon eux, à 4, nous pourrions retourner au canyon de la Tara puis gagner le parc national de Biogrdska y accomplir une randonnée avant de rentrer ici. Devant ce programme alléchant, je décide de séjourner sur place un jour de plus, quitte à avoir une journée de sprint demain. Je demande donc à Alex de prévenir mon auberge de Podgorica que j'annule ma réservation mais nous n'en aurons pas la confirmation.

Les dizaines de minutes défilent rapidement et il finit par ressortir que les deux gaillards du Nord ne sont pas vraiment en état ce matin avec tout l'alcool ingéré hier soir. Des finlandais "saouls comme des polonais" le jour de la Fête de l'Europe, c'est quand même un comble ! Surtout que je n'ai jamais vu de polonais ivre... En attendant d'être sûr que ce plan tombe à l'eau, je sors vers le terminal de bus pour vérifier tous les horaires de la journée au cas où finalement je ne resterais pas. Le labrador de la guesthouse m'accompagne et répond à mes sifflets quand il s'éparpille. Je me prends au jeu avec ce compagnon et cours puis sprinte avec lui. Nous avons tous deux bien besoin de nous défouler. De retour, je vais avec Sarah faire quelques courses.

A 11h, nous décidons de cesser de sacrifier notre journée et partons pour de bon. Le fait de voyager à deux me change. Une première depuis que j'ai quitté Paris alors que j'en ai tant pris l'habitude avec Laëtitia. Nous profitons du chemin pour faire plus ample connaissance et échanger sur de très nombreux sujets de notre quotidien. La longueur de notre randonnée s'y prête fort bien et les plaisanteries fusent dans un sens comme dans l'autre. Nous parvenons ainsi à l'entrée du Parc National où il faut acquitter une taxe de 3€. Par une route bitumée à la seule disposition des randonneurs, nous parvenons bientôt à un double lac bleu-vert translucide, entouré d'une forêt dense : Crno Jezero (le "lac noir"). La vue sur les sommets est bouchée.

A partir de là, nous mettons le cap sur la Grotte de Glace qu'Alex nous a présentée hier. En toutes saisons, elle présente cette caractéristique. Nous contournons le lac et, ce faisant, rencontrons Clémentine et Wilfried, deux jeunes français nous annonçant que la voie est difficile avec la présence de beaucoup de neige. Nous décidons cependant de tenter le coup. Montée sous le couvert forestier en suivant les marquages. Les névés apparaissent puis se font de plus en plus fréquents, de plus en plus profonds. Notre progression n'en est que plus ralentie. Etre deux est dès lors un avantage car on se motive réciproquement tandis que seul, ce serait trop risqué et que j'aurais fait demi-tour.

La neige finit par engloutir définitivement le sentier et ses repères. A l'approche d'un sommet, nous ne savons plus quelle direction prendre et errons un long moment à la recherche du moindre indice, farfouillant même dans les sapins. En vain ! Nous nous résignons alors à rebrousser chemin et à rentrer. 4h de marche, un bon dénivelé et de la bonne humeur à revendre : multipliant les glissades sur la neige, je lance le concours de celui qui ressortira le plus propre. Une gageure mais une sacrée rigolade à chaque chute. Autre sujet à fou-rire un chien sort de nulle part et vient nous salir en nous faisant une fête. Comme si nous avions besoin de ça pour nous départager ! Pourtant, l'issue de la compétition n'est pas évidente : chacun revendique le titre. Nous finirons ex-aequo ...

Nous retrouvons l'hôtel à 15h. Déjeuner puis adieux à Sarah, Gina et Alex (Les finlandais sont absents malheureusement). Je viens de vivre un des sommets de ce voyage. Un premier bus m'attend pour me conduire à Nikšić. Départ 16h10. Il traverse un paysage très montagnard avec plusieurs canyons au fond desquels s'écoulent des rivières à la couleur magnifique et, vers le ciel, des sommets coiffés de neige. Ce pays m'enchante par sa beauté !

Une femme d'un certain âge me prend sous son aile lors de la correspondance. Je la remercie grandement. Au cours de ce second trajet vers la capitale, nous passons à 8 kilomètres d'un édifice que j'aurais tant aimé pouvoir découvrir : le monastère d'Ostrog totalement encastré dans la roche à l'exception de sa façade. Sur la fin, nous traversons la grande plaine centrale monténégrine.

Arrivée à Podgorica vers 18h. L'hôtel est à deux pas de la gare routière. Par contre, il n'y a aucun nom de rue. Je ne dois mon salut qu'à Google Maps une fois de plus. Second défi, récupérer une place que j'ai annulée ce matin. La réceptionniste me confirme que je n'ai plus ma réservation mais il reste un lit dans une espèce de studio. Je le partage avec deux autres personnes que je ne verrai pas du fait de mes horaires décalés. Ce logement est super agréable avec une salle de bain, un salon et une kitchenette privés.

Je ressors avec deux buts : me ravitailler et visiter cette ville où "il n'y a rien d'autre à faire que de boire". Les avenues sont infinies et austères. Les monuments plus rares que les doigts de la main surtout que je vais oublier de visiter un quartier ... Le premier est une tour banale, suit la place principale avec une fontaine quelconque et enfin le pont du Millénium qui est l'ouvrage le plus joli. Je reviens dans le centre par le quartier des ambassades qui regorge de boutiques et de bars. C'est vrai : il n'y a aucun intérêt à venir ici. Un autre aspect me dérange : beaucoup des personnes que je croise ont une apparence de mannequins (dans le sens "top-modèles"). Une similitude avec certaines capitales de l'ex-URSS où tout semble reposer sur le superficiel et l'illusion. Je fuis vers le supermarché, le moral en berne. Ca ne va pas durer.

Après le repas, je descends dans la salle commune pour y préparer ma journée du lendemain. Ce faisant, je fais la connaissance de Marie, une jeune professeur d'histoire très attachée aux Balkans qu'elle connaît très bien en tant que française d'ascendance serbe. Le temps va passer à une vitesse folle à évoquer là encore nos périples, les curiosités de cette aire géographique, l'emploi de chacun, les anecdotes de voyage, l'Albanie ma destination pour la fin d'été... Un livre ouvert, un guide de voyage et une excellente compagnie. 3 à 4h jusqu'à 0h40 alors qu'elle se lève à 5h et moi à 6h. Seconde soirée géniale qui me donne des idées pour de futurs voyages dans la région et seconde rencontre forte de la journée. Sarah et Marie ont marqué mon voyage comme les rencontres de Quinn et de Katarina il y a deux ans en Slovénie-Croatie. Les plus beaux souvenirs que je puisse ramener de mes voyages en solo parce qu'ils durent ...

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