Suisse de l'Ouest

Samedi 18 mai 2013

Pour la dernière journée je ne compte pas spécialement faire relâche. Je suis pourtant d'ores et déjà dans ma ville de destination finale. Le programme du jour consiste en une vaste boucle à travers la Suisse et trois ultimes étapes. Je comptais initialement prendre un train à 7h. C'était sans compter sur le fait que l'auberge ouvre à cette heure-là. Cette attente imprévue a au final eu un avantage : elle m'a permis d'y laisser mon gros sac pour la journée. De plus, je n'ai pas perdu tant de temps que cela puisque je pars à 7h17.

Le train file vers Lucerne au centre du pays. Depuis plusieurs années, je regardais avec envie les photos de ponts couverts en bois, symboles de cette ville. J'ai donc fait en sorte avant mon départ d'assurer un passage dans le coin. Et il ne va pas me décevoir, intégrant le top 4 urbain de mon itinéraire au même titre que Nuremberg, Kotor et Hallstatt. Les curiosités sont si nombreuses que, quelle que soit la direction adoptée à la sortie de la gare, on est certain de tomber à un moment ou un autre sur l'une d'elles.

Passant sous une porte, je contourne le port. En arrière-plan du lac les montagnes sont encore couvertes de neige. J'arrive en une dizaine de minutes au Jardin des Glaciers qui est gardé par l'emblème de la ville : un lion géant, à même la pierre, agonisant au-dessus de boucliers et d'armes brisées. Il n'y a guère que celui de Belfort qui puisse tenir la comparaison quant aux dimensions.

La poursuite de ma balade va être davantage fortifiée. Suivant des rues au profil de montagnes russes, je passe auprès de bâtiments à l'allure défensive avant d'aboutir à une esplanade au pied de remparts ponctués régulièrement de tours de guet.

Je peux à présent redescendre vers un centre coloré; chaleureux et vivant. Les boutiques sont présentes mais dans des proportions qui n'asphyxient pas les allergiques du shopping comme moi.

Devant, la Reuss, rivière coupant la ville en deux, se profile. Sur une montagne verdoyante se détache un château blanc répondant au nom de Gutsch. Je parviens au premier pont couvert. L'intérieur est décoré : des panneaux triangulaires sont disposés à intervalles réguliers et la mort y est toujours figurée.

 

 

Sur les deux rives, l'architecture semble rivaliser de prestance. Des ponts sont jetés régulièrement entre elles et sont encombrés par une foule se pressant sur les quais pour se rendre à la brocante qui s'y tient.

Je termine en fanfare par le plus beau pont, celui-là même que j'ai vu une première fois en longeant le port il y a quelques dizaines de minutes. Il s'inscrit dans un cadre somptueux qui en relève le prestige. Il a comme particularités de ne pas franchir la Reuss en ligne droite mais en biais, de présenter des coudes, d'avoir pour voisin une tour octogonale et enfin d'être couvert avec, sous sa charpente, une centaine de panneaux décoratifs. Un vrai coup de coeur !

Difficile d'enchaîner après un tel niveau. La ville de Thoune n'a pourtant pas trop à rougir de la comparaison : son cadre n'a en effet rien à envier à Lucerne puisque son lac ouvre également sur des montagnes, les ponts couverts sont aussi une spécificité locale, le centre a autant d'allure et son château perché sur les hauteurs a plus de caractère que celui de Gutsch. Je ne parviens pourtant pas à les classer sur le même plan pour la seule raison que j'attendais de découvrir Lucerne depuis la première fois que j'ai posé le pied en Suisse en 2007 tandis que je n'ai choisi Thoune (ou Thun) qu'en construisant mon programme pour ce circuit.

Cette dernière ville est dominée par un joli château de style médiéval à l'imposante tour carrée. Deux bras de l'Aare enserrent une île où se regroupent de très nombreux commerces. La rivière traversée, j'atteins le centre historique. Il est ceint d'une muraille bien conservée.

Au pied de la colline, l'Hôtel de Ville est modeste et ne se distingue pas des bâtiments mitoyens.

Je monte vers l'édifice défensif que je ne visite pas. De cette position, la vue sur les Alpes est bien dégagée.

Retour pour finir au niveau de l'eau pour emprunter les ponts couverts. L'un est coudé, l'autre rectiligne. Ils n'ont pas l'allure de ceux de Lucerne mais restent atypiques à mes yeux et donc curieux.

Je me dirige pour finir vers une dernière cité : Berne. Un retour après un premier passage en 2007. A l'instar de Padoue, elle se caractérise par ses arcades omniprésentes. Les fontaines, toutes savamment décorées, sont une autre facette incontournable. La vieille ville s'inscrit dans une boucle de l'Aare à la couleur bleue unique et irréelle.

Je ne suis pas seul : aujourd'hui se tient un marathon qui traverse le centre historique et attire une foule compacte. La boucle se referme puisque j'ai quitté Salzbourg la première fois il y a 15 jours alors que se préparait un événement similaire au sujet duquel je n'étais pas au courant. Coïncidence amusante ! Cependant cette manifestation m'oblige à effectuer un grand détour pour rejoindre la fosse aux ours et ses spécimens danois et finlandais de naissance. Un temps, je les crois cachés à l'intérieur car il n'y a personne autour des barrières. Puis, je me rends compte que l'enclos se prolonge au-dessus de la rivière. Ils sont bien là les coquins !

Je regagne la gare par la rue principale en travaux. Les fontaines sont néanmoins encore visibles de même que l'imposante tour de l'Horloge.

Retour à Bâle pour récupérer mon sac et départ pour la France en TGV Lyria. Mon voyage s'achève Gare de l'est à Paris à 21h37. J'ai l'impression de m'être absenté des mois vu le nombre d'étapes (41). Pourtant ça ne fait que 15 jours ...

Notre continent est vraiment magnifique et plein de ressources insoupçonnées, je pense avoir pu le montrer à travers cette série d'articles. Pour ma part, je reviens encore plus assoiffé de découvertes que lorsque je suis parti trouvant sans cesse de nouveaux terrains de jeu à explorer. Dans l'immédiat, il va s'agir de Madère dans quelques jours, puis de l'Albanie en septembre, à chaque fois avec ma coéquipière enfin retrouvée : Laëtitia. A un horizon à peine plus lointain, un parcours dans l'esprit de celui de Paolo Rumiz, évoqué lors de mon escale à Trieste, me tenterait bien : Rovaniemi, Kittila, Rauma ou Porvoo en Finlande, Tallinn en Estonie, Kiev et les montagnes occidentales de l'Ukraine, Sighişoara, Brasov ou Sibiu en Roumanie et Veliko Tarnovo en Bulgarie sont autant de promesses que j'espère un jour rendre réelles.

A bientôt sur les routes d'Europe !

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