La Bavière médiévale

Samedi 4 mai 2013

 

Le soleil embrase la campagne bavaroise à l'approche de ma destination 

Les batteries rechargées, je suis dans les starting-blocks. A 6h30, je lâche les chevaux dans la ville d'Augsburg. A vrai dire, je n'avais pas réellement l'intention de la visiter au début de ma préparation. Toutefois, une correspondance de plus d'une heure m'a poussé à revoir mes plans : plutôt que de rester planté sur un quai de gare, ça peut valoir le coup de faire un tour dans le centre.

 

D'un pas rapide, je me dirige vers les curiosités. Les façades sont classiques, parfois colorées. La cathédrale est une géante au pied de laquelle des tramways font tinter leurs clochettes. Je rentre un instant dans l'édifice avant de rejoindre l'Hôtel de Ville et la Perlachturm, tout en hauteur (plus de 50 mètres).

La même grande artère se poursuit, passant devant quelques fontaines évoquant la mythologie, une maison couverte de fresques et deux palais (Függer et Schaetzler). Au bout de la perspective multicolore, la belle St Ulrich tend ses tours vers les cieux, de façon à ce que les chants et les âmes s'y élèvent.

Retour à la gare non sans rallier la synagogue. Les communautés juives jadis si importantes sur notre continent se sont désormais réduites à néant ou ont fui sous l'effet de nos dérives politiques (nazisme et communisme). Leurs lieux de culte encore entretenus par un petit nombre de fidèles rappellent cet héritage culturel et mérite un détour.

Disposant d'un petit matelas de minutes, je déjeune avant d'embarquer à bord du train de 7h48 pour Bamberg. Augsburg était mignonne et cet aperçu trop bref. Le ton de mon voyage est donné, même si c'est un choix personnel.

A travers les baies vitrées défile un paysage de vallons et de charmants villages qui s'y accrochent, dominés par le bulbe de leur église ou par une modeste fortification. Une forêt de conifères leur succède, puis des champs entiers de panneaux solaires. Le reste du parcours est plus commun sous un ciel qui se couvre.

Bamberg. Point le plus septentrional de mon voyage. Ca s'arrose ! Le ciel perce alors que j'entame la visite et déverse une bruine qui tombe sans discontinuer. Un autre point de déception viendra s'ajouter à la météo : l'inscription de cette ville à mon parcours tient à une photo traditionnelle qui montre des maisons à poutres de bois apparentes et aux balcons couverts de géraniums. Pour ces derniers, il faudra repasser car, bien qu'il y ait plusieurs pousses dans l'année, ils ne sont pas encore sortis.

Sans cela, la promenade reste néanmoins agréable entre les ponts du centre-ville sur lesquels se perche l'ancien Hôtel de Ville débordant de fresques et le quartier religieux.

Bamberg est une ville décomposable en trois zones : commerçante sur la rive de la gare et autour de l'Hôtel de Ville moderne, historique avec un lacis de petites ruelles aboutissant souvent aux berges de la Regnitz et religieux sur ses hauteurs. Cette dernière partie se compose de la cathédrale à la façade chargée de références et à l'intérieur intéressant, de la résidence des Princes Evêques, d'une roseraie offrant un balcon sur la ville et de l'abbaye St Michel que l'on rejoint aisément à pied par une volée de marches au bord des vignes.

 

Peu avant midi, je me dirige vers Nuremberg. Le train est  bondé de supporters de foot. Je peine à m'asseoir et à ranger mon sac de 80 litres. Je trouve finalement place auprès d'une prof qui corrige ses copies. Elle me parle beaucoup et tarde à comprendre que je ne connais pas l'allemand. Nous échangeons donc par signes ce qui limite le champ des possibles.

Je parviens ainsi, sous un beau temps retrouvé, à cette ville célèbre pour le fameux procès d'après-guerre. Mais la réduire à cela, ce serait occulter un gros coup de coeur inattendu : quel cachet derrière sa muraille protectrice, avec ses ponts de caractère, son château qui veille sur la ville ou sa "Belle Fontaine" qui ressemble à s'y méprendre au clocher ajouré d'une cathédrale !

Une quatrième et dernière halte m'attend pour aujourd'hui avant de quitter le pays : Munich. Pour la rejoindre, je monte dans un ICE, le train rapide allemand. Je profite du voyage pour me ravitailler et, comme à chaque temps mort, lire le guide concernant la prochaine escale.

J'arrive dans la capitale bavaroise une heure plus tard. Mon objectif n'est pas de couvrir toutes les curiosités car un quart de journée est largement insuffisant pour cela. Je me concentre plutôt sur l'hyper-centre. 5 kilomètres d'un cheminement qui évoque d'autres destinations. Je m'éloigne un peu pour commencer pour découvrir les Propylées, un petit bout de Grèce en plein Allemagne. Une porte et deux simili-temples à colonnade abritent des musées. Une statue en or d'Athéna y accueille les visiteurs.

Un obélisque particulièrement moche, comme encrassé par la pollution automobile, occupe le rond-point suivant.

A peu de distance, une placette avec au milieu une statue équestre puis l'élégant Hofgarten, planté d'arbres et doté d'un temple dédié à Diane, déesse de la Nature et de la Chasse. Un saxophone officie dans ce jardin public, les familles et les anciens viennent y chercher un peu de quiétude en cette après-midi de week-end. Sur la place voisine se dressent une cathédrale à la façade jaune et au style baroque à l'intérieur (Theatinerkirche) puis un immense portique ouvert sur une manifestation turque.

A partir de là, je regrette d'être dans une aussi grosse ville un samedi après-midi, jour de shoppiiiiing !!! Je suis ralenti par la cohue, renforcée par la Fête de l'Europe. Des stands des 4 coins du continent présentent les atouts de la Croatie ou de l'Estonie dans un brouhaha couvrant jusqu'aux animations musicales.

Le plus intéressant reste le pourtour de la place principale : les Hôtels de Ville ancien et nouveau, ce dernier ressemblant grandement à ceux de Belgique. En redescendant une grosse artère en direction de la gare, lieu de ma délivrance et de mon salut, une cathédrale est enserrée entre des bâtiments particulièrement hauts. Il n'y a ainsi pas suffisamment de recul pour apprécier la totalité de l'édifice. Mais ses bulbes doivent être son unique atout.

Oppressé par la foule, je file pour l'Autriche sans m'éterniser. 1h40 pour rallier Salzbourg, la ville de Mozart, et accessoirement mon hôtel du jour. Sur la fin du parcours bucolique se profilent des montagnes enneigées. Première apparition des massifs qui ne vont plus me quitter jusqu'à mon retour en France : Alpes avant les Balkans.

Nous entrons en gare. Terme d'une première journée riche en découvertes et où j'en ai pris plein la vue. Les suivantes seront sur le même modèle sachant le véritable marathon dans lequel j'ai décidé de m'engager.

Du ciel, la pluie recommence à tomber, ce qui remet en cause mon idée d'un premier aperçu de la cité "by night" d'ici à quelques heures. Je dois en attendant m'occuper de mon approvisionnement comme ce sera le cas très fréquemment à l'issue de mes étapes. Pour ce faire, je me dirige vers mon "partenaire" SPAR et y achète le nécessaire pour 3 repas car demain c'est dimanche. Retour à l'hôtel où je fais la connaissance de deux de mes colocataires : deux "anciens" venus prendre part au marathon. Au quoi ? Je dois être le seul dans la ville à être présent pour autre chose. Comment se démarquer ... Les deux hommes sont de Bari. Après les présentations d'usage, la table se couvre de nos victuailles que nous partageons avec plaisir. Ma seule déception, pour la seconde fois cette année après un épisode similaire en Bulgarie, c'est de ne plus me rappeler de l'italien que j'avais appris au cours de mes trajets en métro il y a 2 à 3 ans. C'est décidé, je vais prochainement m'y remettre !

Après le repas, je consacrerai systématiquement une partie de mes soirées à peaufiner mon parcours du lendemain et à partager mon vécu avec mes proches. Ce faisant, assis sur des marches devant la réception, je suis interpellé par le couple du train d'hier soir qui m'a permis de dormir allongé. Eux sont ici pour 4 jours pour visiter et prendre part à la course bien sûr. Incroyable de se rencontrer deux fois en 24h sur un terrain de jeu si vaste !

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