Veille sur le soleil
Lundi 13 mai 2013
Route pour Zagreb. Au cours de la nuit, le bus s'arrête à deux reprises, la première fois pour une courte pause. Me réveillant à peine, je n'ai pas envie de descendre. La seconde dans une gare paumée vers 1h du matin. Je sors un peu mais, en short, la température est très fraîche. A 4h30, nous sommes débarqués devant la gare ferroviaire de la capitale. Ce fainéant de soleil est encore au lit. A l'inverse, je démarre la semaine par une journée marathon.
Ma première question est comment rejoindre l'Istrie : train ou car ? Le premier train ne part qu'à 7h52. Avantage : c'est inclus dans mon pass. Par contre, le trajet requiert 6 à 7 heures ! Je vais à la gare routière pour comparer horaires et tarifs : pour 159kn soit environ 23€, le trajet ne durera que 3h30 et me conduira directement à destination contrairement au train. Mon choix est fait ...
Le départ étant également vers 8h, cela me laisse le temps de feuilleter mon guide pour organiser la journée, calculer les prix et timings des différentes options. J'en profite également pour refaire un tour dans Zagreb, deux ans plus tard, sous le soleil cette fois. Je ne me consacre par contre qu'à l'essentiel : sa cathédrale de l'Assomption de la Vierge Marie entourée sur 3 côtés par une muraille, la place principale dédiée à un grand général, l'église St Marc et son toit de tuiles vernissées.
Au-delà de Karlovac, la route traverse un environnement très forestier et vallonné. Nous sommes dans la région du Kvarner qui abrite un Parc National.
Un peu plus loin, Rijeka, la porte d'entrée de l'Istrie. Les quartiers que je vois au passage sont accrochés aux collines. Un autre Parc National suit juste après. Un vrai contraste avec l'univers méditerranéen omniprésent dans le sud.
1ère étape du jour : Rovinj, ville très jolie où se ressent fortement l'influence italienne. Le sol est pavé, des façades colorées partent des cordes à linge sur lesquelles sèchent quelques vêtements, des venelles étroites et tortueuses se présentent à moi lorsque je quitte la principale rue commerçante. Au sortir de ce premier dédale, j'aboutis sur un port de plaisance qui regorge de vie avec ses terrasses occupées, ses promeneurs habituels et ses touristes. En arrière-plan, une péninsule bombée, surplombée par la tour de l'église.
Je débute ma découverte par le bord extérieur de la presqu'île. La mer n'est pas visible, cachée par de bas immeubles qui donnent directement sur l'eau comme à Venise. La voie est peu fréquentée. Elle monte en pente douce pour arriver au sommet devant l'église Ste Euphémie dont la largeur est plus grande que la hauteur (sans le campanile).
Je vais ensuite redescendre par la rue principale bondée de groupes de touristes qui souvent ne prennent pas la peine de s'en écarter. Sur le bas de cette artère il subsiste néanmoins des témoignages de l'Histoire de la ville : arc romain, lions vénitiens et même la tête d'un turc coiffée d'un turban.
Ayant encore beaucoup de temps devant moi, je décide d'introduire sur mon itinéraire la ville de Porec. 40 minutes de trajet dans un car à deux étages permettent de m'y rendre. Toutefois, cette nouvelle destination ne va pas s'avérer d'un grand intérêt. Là aussi, les lieux occupent une presqu'île dont les bâtiments sont beaucoup plus modernes et quelconques. Mon regard a du mal à s'accrocher ne trouvant d'originalité ou d'atout nulle part. Les ruines romaines sont ridicules à côté de ce qui m'attend à ma prochaine halte, les façades sont sans caractère. Je finis par faire un premier tour extérieur le long de la promenade de bord de mer. A l'intérieur, les rues sont larges, droites, commerçantes.
J'oriente alors ma visite sur ce qui m'a fait venir ici : sa basilique euphrasienne inscrite à l'UNESCO. Je décide, tant qu'à être venu, d'entrer dans cet édifice (30kn ou 0,5€).
Le portail franchi, je passe devant l'entrée du sanctuaire et son atrium. Je peux ainsi monter au sommet du campanile en 6 paliers pour voir toute la presqu'île ainsi que les cloches. Redescendu sur le plancher des vaches, j'enchaîne avec un petit musée qui présente de l'art religieux, des mosaïques et autres sculptures. Le parcours conduit ensuite sur un des côtés de la basilique pour admirer une très longue mosaïque au sol. Il s'achève en intérieur. En dehors de l'abside encadrant l'autel, la sobriété est de mise avec des fragments de peintures qui subsistent et des croisillons dans les arcs reliant les colonnes. La seule partie encore bien conservée est encore riche de dorures, de personnages bibliques et de médaillons.
Après 3h dans cette cité, je suis satisfait de pouvoir repartir car j'allais commencer à m'ennuyer. Je regrette à l'opposé que les horaires des bus m'aient empêché de profiter de Rovinj plus longuement.
Le trajet vers ma troisième étape va être un nouveau clin d'oeil à mon repérage en amont du voyage. J'ai déjà raconté plus tôt dans ce blog les épisodes d'Ovcar Kablar en Serbie ou du canyon de la Tara et du monastère d'Ostrog au Monténégro. Aujourd'hui, le bus va passer sans s'y arrêter devant le fjord de Lim dont les parois font 100 mètres de hauteur. Un observatoire propose à celles et ceux qui ont la chance de pouvoir s'y arrêter une fort belle vue. Un peu plus loin, par une coïncidence amusante, nous contournons Bâle. Le Lonely Planet en parle comme d'un village à ne pas manquer dans un circuit en Istrie. Je n'ai malheureusement pas cette opportunité, dépendant des transports en commun. Ce qui me fait sourire, c'est que la dernière ville de mon périple sera justement Bâle, en Suisse.
Enfin à noter un fait curieux : une longue partie du littoral est occupée par des hébergements et plages naturistes.
Je parviens autour de l'heure du goûter ou du thé à Pula, mon dernier stop en Croatie et dans les Balkans. Je me procure mon billet du lendemain pour l'Italie puis pars trouver mon auberge en bord de mer. Délesté, je peux envisager de mieux prendre le temps de la découverte. Pula, c'est un peu un musée à ciel ouvert sur le monde romain car elle abrite de très nombreux vestiges très bien conservés : amphithéâtre pour le plus connu, arc de triomphe, temple, théâtre, portes et mosaïques. Pour veiller sur ce patrimoine, une forteresse domine les environs, promenade agréable et peu courue. En dehors de cela, la ville reste longtemps relativement déserte jusqu'aux alentours de 20h où elle commence à s'animer grâce aux jeunes notamment.
Je termine la journée en changeant les devises qu'il me reste, en effectuant quelques courses pour demain et en discutant avec un nouveau canadien francophone très sympa vivant à Paris pour ses études. Le roi soleil est couché depuis bien longtemps lorsque je retrouve avec bonheur mon lit.